Les nouvelles mesures de restrictions prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 ont conduit le gouvernement à abaisser sa prévision de croissance d’un point cette année, a annoncé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire au Journal du dimanche. “Fermer les établissements scolaires et 150.000 commerces est indispensable pour freiner la circulation du virus. Mais ces mesures auront un impact sur l’économie française. Nous allons donc réviser notre croissance de 6% à 5 % pour 2021”, a expliqué le ministre, alors que le PIB français s’était contracté de 8,2% en 2020.
“Cette estimation est à la fois sincère et prudente”, a assuré M. Le Maire, qui avait déjà prévenu que l’exécutif reverrait à la baisse ses prévisions de croissance. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a de son côté estimé jeudi que les restrictions annoncées cette semaine “ne devraient pas conduire à une révision très significative de (sa) prévision” de 5,5% de croissance pour 2021 si elles ne durent pas au-delà de “début mai”.
Le coût total des aides est estimé à 11 milliards d’euros en avril, a rappelé Bruno Le Maire au JDD, ajoutant que “la promesse présidentielle du +quoi qu’il en coûte+ sera tenue”. Cette politique de soutien sera poursuivie “tant que la crise sanitaire durera”, a-t-il souligné. La fin des aides publiques sera progressive, a-t-il promis: “Nous ferons les choses progressivement, pour ne brutaliser personne. Nous avons su protéger les entreprises dans la crise, nous saurons les accompagner à la sortie de la crise.” “Dans certains secteurs qui resteront durablement touchés, comme l’aéronautique, un soutien sera maintenu”, a noté le ministre.
Déficits et dette explosifs
Le gouvernement a aussi rehaussé ses prévisions de déficit et de dette publics de la France en 2021, conséquence d’une croissance qui devrait être moins élevée que prévu en raison des nouvelles restrictions sanitaires, a annoncé dimanche le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.
“Nous évaluons le déficit public pour 2021 à 9%, au lieu des 8,5% qui avaient été inscrits dans le projet de loi de finance initial et nous estimons que la dette publique passera de 115% à 118% en 2021”, a déclaré le ministre lors de l’émission télévisée Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro.
Relance en 2021 : les retards de Bruxelles
“Mais je veux rassurer les Français : nous n’avons pas de difficulté à lever de la dette sur les marchés, à des taux d’intérêt très bas. La Banque centrale européenne a confirmé le maintien de sa politique monétaire de soutien à l’économie”, a-t-il remarqué. Il a répété qu’il faudrait rembourser la dette après la crise, ce qui sera selon lui possible grâce à “une croissance forte, une meilleure maîtrise des dépenses publiques de fonctionnement et la poursuite des réformes structurelles - -à commencer par celle des retraites”.
Avant d’engager un éventuel nouveau plan de relance, M. Le Maire veut “continuer à décaisser rapidement les 100 milliards d’euros” du programme annoncé en septembre, dont il veut dépenser la moitié d’ici la fin 2021. Le ministre de l’Economie en a profité pour fustiger à nouveau la lenteur de certains pays pour ratifier le fonds de relance européen de 750 milliards d’euros. “La France devait recevoir 5 milliards en juillet. Il est hélas peu probable que nous recevions cette somme à cette date”, a-t-il regretté.
L’économie française devrait “rebondir plus vite et plus fort lorsque les restrictions sanitaires seront levées”, a prédit le ministre, rappelant qu’elle avait gagné 18% au troisième trimestre 2020. “Croyez-moi, nos fondamentaux sont solides . Nous saurons rebondir (…) Nous restons une nation attractive”, a-t-il insisté. En attendant, Bruno Le Maire a mis l’accent sur certaines mesures de soutien aux commerçants affectés par les nouvelles restrictions. Il pourront notamment recevoir comme les restaurants une aide allant jusqu’à 200.000 euros par mois. “Nous indemniserons également une partie de leurs stocks d’invendus”, a-t-il indiqué, tandis que les loyers élevés des entreprises “seront pris en charge dans la limite de 10 millions d’euros”.