Le couperet est tombé mercredi soir : un reconfinement entre en vigueur dans toute la France. Avant même le débat qui se tiendra ce jeudi après-midi au Parlement, les partis d’opposition ont vivement réagi à cette décision. Mettant en cause la politique de l’exécutif face au Covid-19, tout en appelant au respect des mesures annoncées par Emmanuel Macron.
Les Républicains ont dénoncé un « échec cinglant » de la gestion de la crise par Emmanuel Macron. « Sur le plan de la santé, il a tenté de justifier l’injustifiable car rien n’a été fait pendant huit mois », a affirmé Christian Jacob, président de LR.
« La gestion erratique de la crise et l’absence d’anticipation de cette deuxième vague sont la raison de décisions qui seront très dures à surmonter pour beaucoup de nos compatriotes et de nos entreprises », a mis en garde Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national. « Emmanuel Macron confine les Français chez eux mais laisse nos frontières ouvertes au sein de l’Union européenne… Incompréhensible ! », s’est exclamé Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France.
« L’échec » du déconfinement de l’été
A gauche, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a appelé à « une rigueur absolue pour respecter le confinement ». « Mais c’est un ‘oui’ de colère ! Ce qui est demandé aujourd’hui aurait dû être fait il y a plusieurs semaines », a-t-il ajouté.
En des termes cinglants, Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a dénoncé sur Twitter « l’échec » du déconfinement de l’été. « L’épidémie est hors de contrôle. Le président aussi. Aucune leçon tirée. Tous les foyers de contamination restent ouverts. Mais que reste-t-il de nos vies ? Nous respecterons la discipline sanitaire. Mais sans cautionner ce pilotage incohérent ».
« Pas d’autre choix que de confiner… terrible réalité pour notre pays, face à ce virus mortel. Mais aussi parce que notre système de santé est exsangue », a également tweeté Fabien Roussel, patron du PCF. Les écologistes déplorent aussi un « défaut d’anticipation de cette 2e vague », comme Julien Bayou, patron d’EELV, sur FranceInfo.
« Désarroi et colère » des commerçants
Pour le monde économique, ce reconfinement est le scénario noir qui pourrait donner le coup de grâce aux entreprises les plus en difficulté. « Ce reconfinement va coûter au pays entre 50 et 75 milliards d’euros de PIB et provoquer des dégâts économiques et humains considérables », a réagi Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef.
« Il est impératif de tracer une perspective. On ne peut pas se permettre de confiner et déconfiner tous les trois mois. Le virus est là pour longtemps. Il faut imaginer dès maintenant une façon de vivre et travailler avec », a-t-il ajouté.
Le président du Medef demande « une vraie concertation avec les professionnels concernés » afin de « définir des protocoles permettant leur réouverture dès le 9 novembre ». Il a dit comprendre le « désarroi et la colère » des commerçants, « pénalisés » alors que « la contamination se fait dans la sphère privée ».
Un sentiment d’injustice partagé par l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui critique des mesures « peu compréhensibles et dangereuses pour tout un pan de l’économie », comme par l’Umih (Union des métiers des industries de l’hôtellerie), lassée d’être « montré du doigt ». « A partir de ce week-end, des milliers de commerçants n’auront plus un euro de recette mais toujours des charges fixes. Trente pour cent de nos entreprises risquent de ne pas survivre », affirme le principal syndicat de l’hôtellerie.
Des aides qui doivent être « immédiates »
Les entreprises attendent des « éléments pour être rassurées », a souligné François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). « Economiquement, c’est une mise à mort […] s’il n’y a pas un plan de soutien à la hauteur », a-t-il estimé. « J’attends vraiment qu’on règle le problème des loyers, qu’on fasse en sorte que leurs pertes d’activité puissent être compensées. »
Les aides annoncées doivent aussi être mises en oeuvre « immédiatement ». « Le problème des loyers doit être réglé dès la semaine prochaine », a notamment pointé le Groupement national des indépendants (GNI).
« En pleine préparation de Noël », et « après deux années où cette période avait été extrêmement compliquée », ces mesures tombent au plus mal, s’attriste la Fédération du commerce et de la distribution.
Les travailleurs « ne doivent pas être les premières victimes » de cette crise, a mis en garde la Commission exécutive de la CFDT, en réclamant une reconduction de l’ensemble des dispositifs d’aides « sans exception ». « Les personnes les plus précaires, celles qui ont basculé ou sont sur le point de basculer dans la pauvreté, doivent être davantage aidées et accompagnées », a ajouté le syndicat.