Reconfinement : la colère gronde dans les milieux patronaux

Le reconfinement a suscité de vives critiques patronales que les nouvelles aides annoncées par le gouvernement ne suffisent pas à rassurer. Medef, CPME et U2P font face à de nombreuses remontées de leurs adhérents.


Francois Asselin president de la CMPE Geoffroy Roux de Bezieux president du Medef Meeting with French Unions following the coronavirus crisis at the Elysee Palace, in Paris, France, 04 June 2020//04SIPA_1.1365/2006042106/Credit:Romain GAILLARD-POOL/SIPA/2006042113

La scène est racontée par un des leaders syndicaux qui ont participé à la réunion mardi autour de Jean Castex, censée préparer les annonces d’Emmanuel Macron de mercredi . « Si vous fermez les petits commerces et pas les hypermarchés, il va y avoir des blocus devant des grandes surfaces ; cette menace a été clairement exprimée et par François Asselin, le président de la CPME, et par Laurent Munerot, celui de l’U2P [artisans, commerçants et professions libérales] ».

Quant à Geoffroy Roux de Bézieux, le numéro un du Medef, « il a expliqué que fermer les petits commerces pourrait même être contreproductif sur le plan sanitaire car dans des petits magasins, c’est plus facile de surveiller le respect des gestes barrière, ce qui est quasiment impossible dans les grandes surfaces », rapporte le même syndicaliste. Geoffroy Roux de Bézieux aurait même averti Jean Castex que son organisation participerait « évidemment à l’union nationale à laquelle le Premier ministre appelle mais pas à n’importe quelles conditions ».

Ces interventions lors d’une réunion qualifiée par plusieurs sources de « simulacre de concertation », ce qui n’aide pas, sont autant de signes de la colère qui agite le patronat face au reconfinement décidé par le gouvernement. Celles-ci expliquent la dureté des réactions des représentants des entreprises à l’intervention d’Emmanuel Macron mercredi soir. L’U2P a aussitôt « dénonc [é] des mesures peu compréhensibles et dangereuses pour tout un pan de l’économie », montrant du doigt les atteintes à la liberté d’entreprendre et à la concurrence. « Sans mesures concrètes, le reconfinement sera dévastateur pour l’économie », a averti la CPME.

« Ligne de crête »

Nombre d’entreprises ont poussé un « ouf de soulagement » en apprenant que le confinement n’empêcherait pas la poursuite de l’activité, bien que le 100 % télétravail fasse grogner certaines. Mais de l’autre côté du spectre, il y a les entreprises déjà fragilisées par le premier confinement et qui malgré les aides risquent de ne pas pouvoir faire face… Et celles qui étaient dans une zone où l’épidémie restait contenue. « Dans la Manche, c’est tendu », rapporte un patron.

« On est sur une ligne de crête », confie une fine observatrice du climat social qui pointe certaines professions « très énervées », notamment les patrons de discothèque ou de bar mais pas que. « On fait tout pour alléger la liste des fermetures », souligne le numéro deux du Medef, Patrick Martin, pour qui les commerces ne sont « pas responsables des contaminations ».

Le commerce de détail est touché de plein fouet. Les plus petits magasins, mais aussi les propriétaires de plusieurs établissements, mal couverts par le fonds de solidarité, déplore le patronat. Au Medef comme à la CPME on pointe ainsi les plafonds d’éligibilité aux aides en termes de chiffre d’affaires comme d’effectifs, ainsi que les exigences de statut des sociétés. Le petit commerce, justement, c’est là que le poujadisme avait trouvé sa source, rappelle un patron. Ce n’est pas pour rien qu’au dernier Conseil de défense, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, aurait pointé à côté du risque économique et social, l’existence d’un risque politique.

Cohorte de faillites

Les 20 milliards d’euros annoncés jeudi matin par Jean Castex devant les députés sont évidemment bien accueillis par le patronat. Même si certains soulignent que tout ne constitue pas des aides aux entreprises, une partie consistant en des pertes de recettes pour l’Etat. « Le gouvernement a fait des efforts inégalés dans le monde dans les aides qu’il apporte aux entreprises mais je ne sais pas si ce sera suffisant », dit Laurent Munerot, de l’U2P. Mais il note « entendre beaucoup de gens dire qu’ils vont abandonner ». Et puis, surtout, il y a le sentiment qu’avec le reconfinement, cette cohorte de faillites et de licenciements tant crainte va arriver. « Il faut absolument traiter le problème des chefs d’entreprise qui vont devoir déposer le bilan », insiste François Asselin.


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