Emmanuel Macron ne cachait pas, ces dernières semaines, vouloir faire de la réforme de l’Etat une des priorités pour relancer son mandat. Message entendu par Jean Castex, qui a martelé à plusieurs reprises, lors de son discours de politique général tenu ce mercredi à l’Assemblée nationale, vouloir « faire évoluer le logiciel de l’action publique ». « L’Etat, c’est la France. Mais l’Etat ne s’est pas adapté à la France », a justifié le nouveau Premier ministre.
Les dysfonctionnements révélés par la crise du coronavirus ont été mis en avant pour expliquer cette volonté de réinventer un Etat qu’Emmanuel Macron qualifiait en privé, il y a quelques semaines, de « bedonnant et malvoyant ». Jean Castex a lui évoqué le « règne de l’impuissance publique » avec des lois et des décrets qui « se perdent dans des méandres sinueux et opaques ».
Mêmes recettes
Pour rénover tout cela, au-delà de la nouvelle étape de décentralisation une nouvelle fois évoquée, le Premier ministre veut appliquer les mêmes recettes que celles qu’il a appliquées quand il était en charge de gérer le déconfinement, avec plus de place laissée à la décision locale. « Notre intention est de rendre rapidement plus cohérente et efficace l’organisation territoriale de l’Etat », a-t-il souligné. En clair, le Premier ministre veut faire maigrir l’Etat central et remplumer ses services déconcentrés. Raison pour laquelle une mesure symbolique a d’ores et déjà été annoncée : les créations de postes prévues au budget 2021 pour la fonction publique d’Etat seront réservées aux « services départementaux de l’Etat, et aucune dans les administrations centrales », selon Jean Castex, qui évoque « une révolution ».
L’intendance doit donc changer, mais aussi le service de prospective. Jean Castex a confirmé vouloir faire renaître feu le Commissariat général au Plan, créé en 1946 par Jean Monnet et enterré en 2005 par Dominique de Villepin. Le Premier ministre a insisté sur le fait que c’était bien le chef de l’Etat qui en réclamait le retour, ce qui sera sans doute bien accueilli par François Bayrou. L’élu du Béarn est pressenti pour le poste , mais a conditionné sa candidature au rattachement direct du poste au président de la République.
Rouages changés
La reprise de l’appareil de l’Etat passe aussi par les changements de ses rouages. Ainsi, Jean Castex a obtenu le départ de Marc Guillaume, qui occupait depuis 2015 le poste hautement stratégique de secrétaire général du gouvernement. Dans la majorité, ce dernier était parfois vu comme un frein aux impulsions réformatrices de l’exécutif. Il sera remplacé à cette fonction de coordination de l’action gouvernementale par Claire Landais, secrétaire générale de la Défense et de la Sécurité nationale depuis mars 2018.