Remaniement : Elisabeth Borne chargée de réviser la réforme des retraites

La nouvelle ministre du Travail récupère une partie des attributions d'Olivier Véran aux Solidarités. Du système universel par points aux économies de court terme, la plaie de la réforme des retraites est encore à vif.


Outgoing Labour minister Muriel Penicaud (L) delivers a speech next to her successor Elisabeth Borne (C) and newly appointed Junior minister for professional insertion Brigitte Klinkert (R) during the handover ceremony at the French Labour ministry in Paris on July 7, 2020 following the French cabinet reshuffle. (Photo by GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

C’est un transfert remarqué au sein du nouveau gouvernement . La réforme des retraites échoit désormais à la nouvelle ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Elisabeth Borne . Le chantier ouvert par Edouard Philippe en avril 2018, percuté par les « gilets jaunes », puis suspendu dans son vol législatif début mars, ne sera plus traité au ministère des Solidarités. Certes, avenue de Ségur, Olivier Véran connaît bien le sujet, mais il a déjà fort à faire avec l’hôpital, la dépendance et le budget de la Sécurité sociale.

Quid d’un secrétaire d’Etat

C’est donc une polytechnicienne, ex-patronne de la RATP, qui va gérer ce dossier explosif et à tiroirs – sans qu’il soit mentionné dans l’intitulé de sa fonction. Ce grand ministère social avait été pensé au départ pour un Jean Castex (avant son accession à Matignon) ou un Gérald Darmanin, selon une source proche du gouvernement. Elisabeth Borne va-t-elle se voir adjoindre un secrétaire d’Etat aux Retraites, et s’agira-t-il de l’actuel titulaire du poste, Laurent Pietraszewski , actuellement sous la tutelle d’Olivier Véran ? Pour l’instant, rien n’a filtré des plans de l’exécutif.

Lors de la passation de pouvoirs avec Muriel Pénicaud, ce mardi, Elisabeth Borne a expédié le sujet en une phrase, en fin de discours : « Parmi les chantiers majeurs des mois à venir se pose aussi la question de la réforme des retraites et de l’assurance-chômage, sur laquelle le dialogue reprendra prochainement avec les partenaires sociaux ».

Un nouvel agenda social

Jean Castex a affirmé dès dimanche son désir de régler « à court terme » le dossier des retraites, après avoir souligné l’aggravation du déficit. Il veut faire passer ce dossier avant celui de la dépendance, qui nécessite une réflexion institutionnelle sur la future « cinquième branche ». « A minima, nous devrons nous fixer un nouvel agenda social », a-t-il déclaré au « Journal du dimanche ». De fait, les réunions bilatérales à Matignon avec les partenaires sociaux débuteront ce mercredi.

Même si Jean Castex passe pour un homme de dialogue , les échanges risquent d’être tendus, car les organisations syndicales et patronales ont exprimé leur désir de ne pas rouvrir un front social sur les retraites en plein début de crise économique.

Il faudra donc adoucir la réforme. Plusieurs options seraient déjà à l’étude. Les professions libérales pourraient être exclues du régime universel par points – ce qui ne devrait pas déplaire au nouveau ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti , hostile à l’intégration du régime des avocats. Le nouveau système pourrait entrer en vigueur plus tard qu’en 2022, et surtout ne concerner que les nouveaux entrants sur le marché du travail. Cela permettrait de cranter une refonte ambitieuse, et d’honorer la promesse du candidat Macron de 2017, sans modifier les attentes des actifs.

La retraite reflet des carrières

Il y a une logique à ce qu’une ministre du Travail gère les retraites, si l’on considère qu’elles doivent être le reflet des carrières. C’est bien l’esprit de la réforme par points : offrir des pensions mieux proportionnées aux salaires que dans le système par annuités (avant redistribution). La réforme a d’ailleurs été conçue comme un équilibre, par exemple avec des revalorisations salariales pour les enseignants, permettant de compenser un moindre gain de droits à pension.

Néanmoins, le débat devrait probablement se focaliser sur l’autre volet de la réforme, celui des économies, qui nécessiteront de « travailler et produire davantage », selon les mots d’Emmanuel Macron. Sur ce point, tout reste à faire. L’accélération de la réforme Touraine, dont les syndicats ne veulent pas, ne suffirait même pas à combler les déficits des prochaines années.


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