Retraites : unité syndicale en vue contre les 65 ans

Tous les syndicats se retrouvent dans le refus catégorique d'un relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans et veulent travailler à des actions communes.


« Il a été prévenu sur la retraite, il a zéro marge de manoeuvre », commentait le président de la CFE-CGC François Hommeril à la sortie du déjeuner d’Emmanuel Macron avec les leaders syndicaux , vendredi. C’est un fait : les numéros un de la CFDT, de Force ouvrière, de la CFE-CGC et de la CFTC (celui de la CGT avait séché) ont tous averti le chef de l’Etat de leur opposition totale au relèvement de l’âge de la retraite inscrit dans son programme et rejeté très majoritairement par les Français .

Cette unanimité reflète une volonté partagée : celle de construire une démarche unitaire pour s’opposer à la réforme. Tout le monde a répondu présent quand Yves Veyrier a écrit pour proposer à ses homologues de discuter d’« actions communes », peu avant de passer la main à Frédéric Souillot à la tête de FO . Un texte a même été travaillé. Le contexte électoral a bloqué le processus en l’absence de reproduction du scénario des ordonnances travail, dont l’écriture avait été lancée dès l’été qui avait suivi la première élection d’Emmanuel Macron. Mais ce n’est que partie remise.

Chacun est en effet persuadé de la nécessité de travailler ensemble contre les 65 ans, « le plus petit dénominateur commun entre nous tous » massivement rejeté par les Français, explique un leader syndical. A commencer par Force ouvrière. FO vient de faire évoluer sa position sur ce que le nouveau leader, Frédéric Souillot, qualifie de « mère de toutes les batailles ». Jusque là, le retour à 60 ans et 37,5 ans de cotisation était la « base de négociation ». Désormais l’objectif est d’abord le « blocage » du « nouveau recul de l’âge de départ ». Ce qui permet d’envisager une unité syndicale bien plus large que le retour aux 60 ans quand viendra l’heure de passer des promesses électorales au projet de réforme.

Car du côté de la CFDT aussi, « sur le projet de recul de l’âge légal à 64 ou 65 ans, c’est no way », a confirmé Laurent Berger, son numéro un, devant l’Association des journalistes de l’information sociale, mercredi. « Si le gouvernement veut que l’on discute ses conditions [de mise en oeuvre], il y aura contestation », a averti Laurent Berger. Cela « ne voudra pas dire qu’on a la même vision sur tout », précise-t-il. Le congrès de la centrale qui s’ouvre lundi à Lyon va réaffirmer la revendication d’une refonte totale du système.

Les syndicats alignés

« Tous les syndicats sont alignés aujourd’hui », abonde François Hommeril de la CFE-CGC. On aurait pu penser le syndicat de l’encadrement moins hostile, ces salariés ayant souvent commencé à travailler tard. Mais ce n’est pas le cas de tous et les femmes cadres mères de famille seraient « massivement touchées » par une hausse de l’âge légal, rappelle le syndicaliste.

Tous les leaders syndicaux ont en tête un précédent. En 2010, le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans sous Nicolas Sarkozy avait donné lieu à une large intersyndicale, intégrant également au côté des cinq grandes confédérations la FSU, l’UNSA et Solidaires. Parmi les quatorze journées de manifestations, plusieurs avaient rassemblé autour d’un million de personnes partout en France selon la police.

A l’époque, le mouvement était intervenu dans une France sonnée par la crise de 2008. Cette fois-ci, tous les syndicalistes l’ont rappelé au président : la contestation interviendrait dans un climat démocratique électrique que la perspective d’un relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans pourrait enflammer.


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