Comment transformer une prise de sang en parcours du combattant. La grève des biologistes libéraux , opposés aux économies prévues par le budget de la Sécu, a été massivement suivie lundi, avec 95 % des 4.200 laboratoires d’analyses médicales fermés en France, ont annoncé les syndicats de cette profession. Un mouvement qui freine la réalisation et l’analyse de tests et gêne ainsi le suivi de l’épidémie de Covid, toujours en cours.
« Nous sommes tous mobilisés parce que le gouvernement refuse de nous entendre et de dialoguer », a expliqué le porte-parole de l’Alliance de la biologie médicale, qui regroupe les quatre syndicats et les grands groupes de laboratoires privés. Alain Le Meur a rappelé que le secteur reste « favorable à une contribution exceptionnelle » de l’ordre de 250 millions d’euros sur la seule année 2023, au titre des profits engrangés depuis deux ans grâce aux tests Covid.
Dans les faits, aucun acte non urgent ne pourra être réalisé. Sont notamment concernés les tests PCR, les analyses d’urine et les prises de sang. Pour ce qui est des actes urgents comme les dialyses, les bilans de chimiothérapie ou les bilans de stimulation PMA, qui ne peuvent être décalés, les patients sont invités à se rapprocher des hôpitaux et des cliniques.
« Profiteurs de guerre »
Mais le gouvernement entend plutôt leur imposer une baisse de tarifs touchant l’ensemble des actes d’analyses médicales, et qui perdurerait les années suivantes. « Ils peuvent faire des efforts, je ne lâcherai pas sur ce sujet », a souligné le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, sur LCI, pointant la « rentabilité élevée » du secteur, « passée de 18 % à 30 % » à la faveur de la crise sanitaire.
« Des chiffres tronqués voire manipulés, dans le but de nous faire passer pour des profiteurs de guerre », a rétorqué Aurélie François, directrice générale d’ Eurofins Biologie Médicale , assurant que le ministre confondait marge brute et bénéfices nets, passés eux de 12 % à 16 % d’un chiffre d’affaires dopé par une politique de dépistage « à tour de bras, sur ordre exprès du gouvernement ».
Après des semaines de dialogue de sourds, « nous en appelons à Emmanuel Macron », a lancé Thierry Bouchet, président du Syndicat des laboratoires de biologie clinique, dénonçant une « folie austéritaire » qui menacerait « au moins 10 % des sites et les emplois associés ». Partie pour durer trois jours, cette fronde prendra fin mercredi soir et « tous les labos seront ouverts jeudi matin », a-t-il ajouté, mais « nous regarderons en fonction de la réponse qui nous sera faite si cette grève peut être reconduite » par la suite.