Un mois de juillet « historiquement » sec, des précipitations déficitaires et des canicules à répétition : le stress hydrique gagne à son tour l’Hexagone. Plus de cent communes connaissent une pénurie d’eau potable , au coeur de la saison estivale.
Sous l’effet du changement climatique, la crise de l’eau, ressource épuisable bien que renouvelable, semble s’accélérer. En France, les alternatives pour pallier le manque d’eau potable se multiplient et se couplent à de nouvelles consignes visant à limiter la consommation d’or bleu. Ces restrictions vont de l’arrosage du gazon jusqu’au temps passé sous la douche. Une délicate équation.
Amendes et restrictions
Là où les sources se tarissent, les mesures pour limiter directement la consommation d’eau suivent. Robinets coupés certaines heures à Arboys-en-Bugey dans l’Ain, irrigation agricole totalement ou partiellement interdite dans plusieurs départements (Val-d’Oise, Côte-d’Or, Maine-et-Loire, Charente-Maritime…), arrosages prohibés, quotas de litres d’eau… 93 départements sont concernés par des restrictions d’eau, à des échelles différentes.
Les contrevenants risquent une amende de 1.500 euros, 3.000 euros en cas de récidive. Ce montant grimpe à 7.500 euros pour les professionnels. L’Office français de la biodiversité (OFB) veille aux contrôles des usages de l’eau. Dans le Var, des « pastilles » divisant le débit d’eau par six sont installées en cas de non-respect des quotas, selon « Le Monde ».
Dessaler l’eau de mer
Plusieurs communes se sont munies d’unités de dessalement capables de transformer l’eau de mer en eau douce et potable. A Rogliano, en Haute-Corse, sur l’île de Groix comme sur l’Ile-Molène, ces installations, souvent temporaires, peuvent produire des milliers de litres d’eau par jour.
Toutefois cette opération n’est pas sans impact environnemental . Outre une importante consommation énergétique, ces usines rejettent de la saumure en mer. Cette eau, très chargée en sel et dangereuse pour l’écosystème marin, est en partie responsable des températures en hausse dans les océans.
La viabilité des usines à dessalement se voit ainsi critiquée. En métropole, très peu de villes les utilisent. Elles sont surtout présentes dans les pays du Golfe, où la sécheresse est fréquente.
Puiser dans les lacs
Certaines communes, privées d’un accès à la mer, se sont tournées vers un autre point d’eau : les lacs naturels. Gérardmer, station des Vosges, compte alimenter 80 % de son réseau via le pompage du lac qui a fait sa notoriété. D’origine glaciaire, l’étendue d’eau s’impose comme le plus vaste lac du département. Cette solution, de dernier recours, avait déjà été employée lors de la canicule de 2003.
Ravitaillement par camions-citernes
Plutôt que de produire davantage, des villages, notamment ceux perchés en altitude, optent pour la livraison d’eau afin de remplir leurs réservoirs. Des camions-citernes acheminent la ressource dans des quantités, de facto, limitées à la taille de leurs cuves. A la fois coûteuse et contraignante, cette alternative place des hameaux dans une situation de dépendance vis-à-vis de ces livraisons hebdomadaires.
Recyclage des eaux usées
A l’heure où la France réutilise moins de 1 % de ses eaux , la sécheresse exceptionnelle a remis sur la table les projets de recyclage des eaux grises (eaux domestiques faiblement polluées). En Vendée notamment, les Sables-d’Olonne s’affairent à transformer les eaux usées d’une station d’épuration en eau potable. Cette initiative dite « projet Jourdain », inédite en Europe, attend une première phase de tests d’ici à 2024.