Au lendemain d’une nouvelle journée de manifestation, et après trois mois de crise sanitaire sans précédent, les propositions que dévoile, ce mercredi, la Mutualité française dans le cadre du « Ségur de la Santé » risquent de provoquer des remous. L’une d’elles pourrait particulièrement raviver la colère de professionnels mis à rude épreuve. Pour « mettre fin à l’exercice isolé des professionnels de santé du premier recours », la Mutualité préconise une « minoration sensible de (leur) rémunération ».
L’objectif est le même que celui affiché par Emmanuel Macron lors de la présentation du plan « Ma Santé 2022 », qui souhaitait que « l’exercice isolé » de la médecine de ville « disparaisse » d’ici à la fin de son quinquennat. « Le président de la République en parlait il y a deux ans, mais il ne s’est pas passé grand-chose. Il y a eu des incitations qui n’ont pas eu les effets escomptés », selon le président de la Mutualité, Thierry Beaudet. Depuis, le coronavirus est passé par là et « on fait face à la pandémie avec la moitié de nos ressources », car le morcellement « des professionnels de ville fait qu’on n’a pas su les mobiliser », estime-t-il.
Revoir les compétences des ARS, soutenir les Ehpad
Cette mission revient habituellement aux agences régionales de santé (ARS), chargées de « la sécurité sanitaire et de la régulation de l’offre ». La Mutualité préconise donc de les « recentrer » sur ces deux « missions régaliennes » avec une garantie de « neutralité » entre l’hôpital public et le secteur privé. Mais au passage, leur compétence en matière de prévention et une partie du budget de la Sécu (le fonds d’intervention régional, 3,5 milliards d’euros en 2020) seraient « transférées aux régions », qui n’ont pas été consultées sur le sujet.
Autre point de réflexion avancé par la Mutualité : celui des Ehpad. Thierry Beaudet préconise d’y « renforcer la médicalisation », avec davantage de médecins et d’infirmières pour s’adapter aux besoins croissants des résidents.
Alors que le gouvernement a remis sur les rails la réforme maintes fois repoussée de la dépendance, le patron de la Mutualité défend toujours le principe d’une « assurance associée à la complémentaire santé, avec une cotisation obligatoire, par exemple à partir de 50 ans ». Un principe qui, selon lui, permettrait de compléter un financement public encore « insuffisant » et ainsi « limiter le reste à charge » des ménages.