Succession de Philippe Martinez à la CGT : Marie Buisson en difficulté

Le Comité confédéral national de la CGT se réunit ce jour pour examiner la composition de la future commission exécutive de la centrale qui porte la patte de Marie Buisson. La candidate à la succession de Philippe Martinez peine à s'imposer.


Siege social du syndicat CGT, exterieur, facade

Marie Buisson va-t-elle succéder à Philippe Martinez à la tête de la CGT, à l’issue du 53e congrès de la centrale, qui doit se dérouler du 27 au 31 mars à Clermont-Ferrand ? Difficile de l’affirmer aujourd’hui.

Il y a près de six mois, le secrétaire général de la deuxième centrale française avait créé la surprise en annonçant qu’il ne se représenterait pas. Il avait fait valider, dans la foulée, la candidature de la secrétaire générale de la Fédération de l’Education, de la Recherche et de la Culture à sa commission exécutive, sa direction élargie composée d’une cinquantaine de membres.

Dans l’ombre de Martinez

Jusqu’à présent, lors des successions, le Comité confédéral national (CCN) de la centrale, une forme de « parlement » constitué des numéros Un des fédérations et des unions départementales, était, lui aussi, appelé à se prononcer en amont d’une confirmation lors du congrès. Mais la question n’est pas à l’ordre du jour du CCN qui se déroulera mardi et mercredi. Et aucune assurance n’a été donnée pour le rendez-vous de fin janvier, un rendez-vous de toute façon tardif, alors que le congrès a lieu dans à peine un mois et demi utile, compte tenu des vacances scolaires.

Ce sujet n’en serait pas un si la candidature de Marie Buisson faisait consensus. Mais ce n’est pas le cas. L’enseignante, très proche de la directrice de cabinet de Philippe Martinez, Elsa Conseil, et de la numéro 2 sortante de la CGT, Catherine Perret, à laquelle elle a succédé à la FERC a bien circulé dans les territoires mais elle reste dans l’ombre de Philippe Martinez. Elle n’a pas mis à profit les mois écoulés pour se faire un nom dans l’organisation. Dernier exemple, lundi 7 novembre, lors de la réunion qui s’est tenue en présentiel à la confédération avec les fédérations pour discuter des suites à donner à la mobilisation enclenchée par le conflit chez Total. Selon plusieurs participants, l’enseignante s’est centrée sur le mouvement des lycées professionnels, sans livrer son point de vue sur la poursuite ou non d’appels à des journées d’action ou encore l’articulation avec le dossier des retraites .

Une ouverture vers l’industrie

En préparation du congrès, le CCN va examiner, mardi, la liste des candidats à la prochaine commission exécutive adoubée par la CE sortante, qui portera la patte de Marie Buisson. La future instance, de 60 membres, regorgera de numéros Un, pour la première fois depuis longtemps : une quinzaine de fédérations et une dizaine d’unions départementales.

L’enseignante tente là une ouverture vers l’industrie. Nombre de ses organisations lui reprochent d’avoir été la cheville ouvrière du manifeste « Plus jamais ça » signé avec Greenpeace et fustigeant les industries polluantes et le nucléaire. Feraient leur entrée dans la commission exécutive Sébastien Menesplier, de l’Energie, Frédéric Sanchez, de la Métallurgie et le cheminot Laurent Brun ; aux côtés notamment de Mireille Stivala, de la Santé, systématiquement barrée par Philippe Martinez jusque là.

Le numéro Un du Commerce, Amar Lagha, y figure aussi. Mais aucune des figures de proue des Ultras, membres eux aussi de la Fédération syndicale mondiale anciennement d’obédience communiste que la confédération, elle, a quitté en 1999, qu’il s’agisse du marseillais Olivier Mateu, comme des Val-de-Marnais Benjamin Amar et Cédric Quintin. Même Emmanuel Lépine, de la Fédération de la Chimie, pourtant auréolé de son rôle, en première ligne, dans le conflit de TotalEnergies n’a pas été retenu. Une absence qui devrait focaliser les critiques.

Trop tôt pour les pronostics

Si elle n’est pas officiellement à l’ordre du jour, la question de la succession de Philippe Martinez devrait aussi s’inviter dans le débat. Olivier Mateu dément aux «Echos» compter se présenter. Les noms de Céline Verzeletti, codirigeante de la Fédération des fonctionnaires de l’Etat et membre du bureau confédéral sortant, et de Sébastien Menesplier circulent eux aussi. Mais si la situation de Marie Buisson est clairement fragile, il est trop tôt pour affirmer que d’autres candidatures vont émerger. Et pour cause : dans la centrale, celui qui manifesterait de telles velléités serait immédiatement taxé de diviseur. La leçon de la succession de Bernard Thibault a été retenue . En revanche, ce qui devrait être mis sur la table mardi, c’est la question des modalités de désignation du ou de la secrétaire générale, avec un haro sur le « fait du prince ».

Mandaté par son organisation, Sébastien Menesplier a annoncé dans le journal de sa fédération qu’il « indiquerai [t] au CCN prochain que la candidature de Marie Buisson ne peut pas être la seule possibilité. Il est nécessaire d’écouter les autres propositions portées par les unions départementales et les fédérations ». Cette analyse semble largement partagée parmi celles-ci. Ce CCN sera l’occasion de mesurer quelle est la position des unions départementales, souvent plus légitimistes. D’aucuns évoquent l’éventualité d’une réunion du CCN d’ici la fin de l’année pour discuter des modalités de la succession.


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