Surcroît d’épargne : Le Maire prêt à un geste pour les petites donations

Le ministre de l'Economie veut favoriser les donations pour libérer l'épargne accumulée pendant la pandémie de Covid, mais entend cibler la mesure sur les petites donations, de préférence à destination des jeunes. Des doutes s'expriment dans la majorité sur cette mesure, assimilable à un cadeau aux plus aisés.


FILE PHOTO: French Economy and Finance Minister Bruno Le Maire speaks during a press conference to present the details of new restrictions aimed at curbing the spread of the coronavirus disease (COVID-19), announced the day before by the president, in Paris, France, October 15, 2020. Ludovic Marin/Pool via REUTERS/File Photo

Avec le « quoi qu’il en coûte », les critiques sur le « président des riches » se sont faites moins récurrentes pour Emmanuel Macron. Mais n’y a-t-il pas un risque de remettre un peu d’essence sur le brasier ? Le danger semble en tout cas identifié et Bruno Le Maire avance avec précaution sur le chantier des donations , qu’il veut favoriser pour libérer l’épargne accumulée pendant la pandémie. Selon nos informations, le ministre de l’Economie entend privilégier les petites donations, proches de 10.000 euros. Un schéma qui devrait rassurer au sein de la majorité, où plusieurs voix ont exprimé des doutes.

A l’origine, ce chantier a été lancé pour trouver une solution au problème de l’énorme épargne accumulée par les Français depuis le début de la pandémie. La Banque de France anticipe que ce bas de laine pourrait grossir jusqu’à représenter 200 milliards d’euros fin 2021 . Une somme importante – deux fois le montant du plan de relance ! – que Bercy voudrait ne pas voir dormir sous un matelas, et alimenter au contraire la reprise. A gauche, des propositions ont émergé pour réclamer une contribution imposée aux plus riches, qui ont le plus épargné. Mais l’exécutif ne veut pas entendre parler de hausse d’impôts. Reste donc la piste des donations entre générations, comme « Les Echos » l’avaient révélé.

Risque politique

Toutefois, ce dossier n’est pas sans présenter quelque risque politique. A gauche, la proposition a été fraîchement accueillie. « C’est une mesure non seulement injuste sur le plan social mais également aléatoire sur le plan économique. C’est un cadeau fait à quelques-uns », a dénoncé la semaine dernière dans « Les Echos Start » Boris Vallaud, le député PS des Landes.

Même au sein de la majorité, cette idée de donner un nouveau coup de pouce aux donations – comme Nicolas Sarkozy a pu le faire deux fois, comme ministre des Finances puis comme président de la République – ne suscite pas d’enthousiasme excessif. « Le message le plus important que nous devons marteler, c’est qu’il ne faut pas augmenter les impôts. Si nous devons en baisser certains, il faut être prudent et voir si les mesures envisagées sont efficaces et nous aident à faire Nation », estime Roland Lescure, le président de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée.

Celui-ci a évoqué il y a une dizaine de jours le sujet avec les macronistes historiques qui siègent au sein du comité de pilotage d’En Marche (Stéphane Séjourné, Clément Beaune, Sibeth Ndiaye etc.). « Nous attendons de voir. Une mesure sur les donations doit viser le coeur de la distribution des revenus et pas son sommet », prévient le député. Même au sein du gouvernement, l’idée fait débat. Ainsi à Bercy, Olivier Dussopt, le ministre des Comptes publics, n’est pas convaincu qu’il faille se lancer dans un tel chantier, selon nos informations.

« Cadeau aux riches »

Quant à Bruno Le Maire, il cherche à déminer pour éviter qu’on y voit un « cadeau aux riches ». « Il n’a jamais été question de sommes importantes », défend une source ministérielle. L’option privilégiée serait d’alléger la fiscalité de façon temporaire pour des petites donations, de l’ordre de 10.000 à 20.000 euros. Cela s’ajouterait au système actuel qui rend possible la transmission en franchise d’impôts tous les 15 ans par un parent à son enfant de 100.000 euros – cumulables avec 31.865 euros de dons en sommes d’argent. « Cela doit être ponctuel et destiné avant tout aux parents et grands-parents qui veulent aider les plus jeunes. Ces derniers n’ont pas forcément besoin de grandes sommes, il s’agit de surmonter les difficultés actuelles », poursuit la source gouvernementale.

Avec une telle option, les effets risquent toutefois d’être limités, et de ne concerner qu’une fraction minime du surcroît d’épargne à 200 milliards. Au point qu’on peut se demander si le jeu en vaut la chandelle politiquement. « Nous travaillons sur ce dossier, mais ce n’est pas une urgence compte tenu de la situation sanitaire », souligne-t-on à Bercy.


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