Ils n’avaient jusqu’à présent transmis qu’un plan détaillé, dont la CFDT s’était empressée de remplir les blancs avec un projet d’accord clés en main. Jeudi en fin de journée, les organisations patronales devaient adresser leur premier texte aux représentants des salariés en vue d’ un accord sur le télétravail , en préparation du rendez-vous de ce vendredi. Mais rien n’est venu et les négociateurs syndicaux ont été informés dans la soirée de l’annulation pure et simple de la séance. Normalement, patronat et syndicats doivent se retrouver mardi prochain 17 novembre avant une rencontre censée être conclusive le 23 novembre.
Le Medef a invoqué l’organisation à 16 h au ministère du travail d’une réunion sur l’activité partielle et les congés payés. Du côté des représentants des entreprises, on avance la nécessité de «desserrer un calendrier un peu fou», entre le rendez-vous de concertation sur l’assurance chômage de jeudi après-midi, qui mobilisait les mêmes interlocuteurs patronaux, et ce jeudi matin, une séance de négociation sur la santé au travail.
Il ne faut pas oublier que les négociations ont démarré sur un constat… de désaccord, et pour l’heure rien ne dit que la roue tournera, au contraire même. Les employeurs refusent un accord national interprofessionnel qui imposerait aux entreprises de nouvelles règles plus contraignantes que l’existant, et en particulier de toucher à la grande souplesse dans la mise en place – par charte, de gré à gré – introduite par la réforme du Code du travail de 2017. Les syndicats veulent mieux encadrer le télétravail, alors que l’épidémie et les confinements successifs ont accéléré son développement et vont l’inscrire durablement dans le paysage.
« Du grand n’importe quoi »
La deuxième séance de négociation qui s’est déroulée mardi a été tendue . « J’ai bien cru à un moment que la CFDT allait quitter la salle », commentait à sa sortie un syndicaliste. C’est « du grand n’importe quoi », a d’ailleurs déclaré à la presse la négociatrice de la CFDT, Catherine Pinchaut. « Les seules réponses qu’on a eu de la partie patronale, c’est non, non, non », a-t-elle déploré. « Un comportement isolé », a jugé Hubert Mongon, le chef de file des représentants des entreprises.
Les syndicats ont cependant tous eu le sentiment de se heurter à un mur. « Ils vantent le dialogue social, mais c’est un dialogue social de sourds », a estimé Jean-François Foucard, pour la CFE-CGC, alors que le cégétiste Fabrice Angéi affirmait sa crainte qu’on « recule par rapport à ce qui existe ». « Le patronat a beaucoup dit non », a noté Béatrice Clicq, pour Force ouvrière. Pour autant, elle veut croire que cela peut évoluer. « A froid peut-être y aura-t-il des oui », a-t-elle expliqué.
« On participe aux débats, on porte nos revendications et à la fin on verra s’il y a des dispositions normatives ou pas », a-t-elle expliqué, affirmant que « ce n’est pas parce qu’on négocie un texte que forcément on le signera ». Encore faudra-t-il que la négociation se noue. L’annulation de la séance de vendredi n’en est pas le signal.