Conscient qu’un tel régime n’est pas tenable dans la durée, le gouvernement s’apprête à lâcher un peu de lest sur le télétravail à 100 %. « Six salariés sur dix nous disent qu’ils voudraient revenir un jour par semaine au bureau. Et c’est ce que l’on va faire à partir du 7 janvier, évidemment sous réserve qu’il n’y ait pas une dégradation de la situation sanitaire », a précisé la ministre du Travail, Elisabeth Borne, ce dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1 – CNews – « Les Echos ».
Intervenant lundi dernier devant les journalistes sociaux, Elisabeth Borne avait indiqué qu’un arbitrage serait rendu d’ici à la fin de la semaine . La prudence s’est imposée même si dans les faits, la règle des cinq jours sur cinq comporte bien des exceptions. « Le télétravail constitue une révolution durable. C’est aussi un outil important pour lutter contre l’épidémie », a-t-elle rappelé, renvoyant à l’étude du professeur Arnaud Fontanet qui montre une réduction de « 30 % des risques de contamination ».
Léger décalage
Ce jour par semaine à compter du 7 janvier ne prendra pas les partenaires sociaux par surprise puisque c’est le calendrier qui leur avait été présenté lundi soir dernier. Soit un léger décalage puisque ce scénario était plutôt envisagé tout début janvier avant que la reprise du nombre de cas positifs ne rebatte les cartes. Un Conseil de défense aura lieu le 30 décembre pour le go final. Si c’est le cas, le protocole national de sécurité sera modifié en ce sens, ce sera d’ailleurs le seul changement.
Une autre étape pourrait intervenir le 20 janvier – date d’ouverture normalement des entreprises fermées administrativement, même si au sein du gouvernement beaucoup doutent que ce puisse être le cas pour les restaurants ou les salles de sport -, à partir de laquelle ce serait à l’entreprise de fixer le nombre de jours minimum sur site, toujours en l’absence de troisième vague. Les employeurs pourront se référer au contenu de l’accord national interprofessionnel conclu entre les syndicats, sauf la CGT, et le patronat .
Le 7 janvier ce sera aussi le jour où les stations de ski rouvriront là encore toujours avec un « si ». « J’espère que ce sera le cas. Nous ferons le point en fin d’année », a indiqué Elisabeth Borne, satisfaite que « 95 % des saisonniers des remontées mécaniques aient été recrutés. Cela fait de l’angoisse en moins pour des personnes qui sont sécurisées. »
Renoncement aux régionales
L’agenda de la ministre s’annonce donc chargé, d’autant qu’elle n’a pas renoncé à relancer la réforme de l’Assurance-chômage avec une discussion avec les partenaires sociaux en janvier avant une conclusion « à la rentrée ». Largement de quoi occuper Elisabeth Borne, qui préfère donc renoncer à se présenter comme tête de liste en Normandie aux élections régionales en juin, alors que son nom était fréquemment cité ces dernières semaines. « Etre tête de liste n’est pas compatible avec les fonctions que j’occupe. Je pense que les Français ne comprendraient pas », a-t-elle expliqué.
Pour autant, la ministre veut « discuter avec le mouvement », pour voir « comment elle peut s’impliquer dans cette campagne » car « c’est quelque chose qui [lui] tient à coeur ». « Je n’ai pas caché que j’étais intéressée par un mandat local parce que je pense que c’est très complémentaire aussi de l’action qu’on peut mener au niveau national », mais « je fais aussi partie des ministres qui sont en première ligne dans la crise » liée au Covid-19, a-t-elle insisté.