Un budget 2021 de tous les records pour contrer la crise du coronavirus

Le projet de loi de finances pour 2021, présenté par le gouvernement ce lundi, prévoit un niveau de déficit et d'émissions de dette records, pour faire face à la crise provoquée par le Covid-19. Malgré la reprise de la pandémie, l'exécutif défend sa stratégie budgétaire et son choix de privilégier l'offre.


Bruno Le Maire, French Minister of the Economy, Finance, and Recovery, wearing a protective face mask, speaks during a news conference to present French government 2021 budget as Olivier Dussopt, French deputy Minister in charge of Public Accounts, looks on following the weekly cabinet meeting at the Elysee Palace in Paris, France, September 28, 2020. REUTERS/Benoit Tessier

Au moins, on ne pourra pas accuser Emmanuel Macron d’avoir présenté un « budget amish », frugal et austère comme peut l’être la vie de cette communauté religieuse. Le projet de loi de Finances pour 2021 – présenté ce lundi par Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, et Olivier Dussopt, le ministre délégué des Comptes publics – est celui de la démesure.

Que ce soit avec le niveau de la récession pour 2020 (revu à -10 %, un niveau plus atteint depuis 1942 au pire de la Seconde guerre mondiale) comme pour celui des déficits (-10,2 % en 2020 et encore -6,7 % en 2021, quand le seul équivalent est le -7,2 % atteint en 2009), la valse des milliards donne le tournis. Qu’elles paraissent lointaines les ambitions de 2017, quand Emmanuel Macron espérait ramener les comptes publics à l’équilibre à l’issue de son quinquennat, pour la première fois depuis 1974 !

La tempête sanitaire est toutefois encore loin d’avoir pris fin, et il est sans doute trop tôt pour juger des dégâts réels sur les finances publiques. D’un mois à l’autre, les experts de Bercy revoient leurs estimations à coups de dizaines de milliards. En juillet, ils tablaient sur un déficit du seul Etat à -225 milliards d’euros pour 2020 ; trois mois plus tard, grâce à la petite embellie économique de l’été qui a dopé les recettes fiscales, il est désormais question de -195,2 milliards. Trente milliards de déficit en moins, soit le budget annuel du ministère de l’Enseignement supérieur ! Pour 2021, le montant annoncé est encore gargantuesque, à -152,8 milliards, quand son niveau était déjà jugé très conséquent en 2019, à -93,1 milliards.

Environnement mouvant

Dans cet environnement extrêmement fluctuant, Bruno Le Maire et Olivier Dussopt se sont ce lundi évertués à défendre les choix faits pour bâtir leur projet de loi de Finances. Dans son avis publié ce lundi, le Haut conseil des finances publiques a jugé que l’objectif d’un rebond de l’activité de +8 % l’an prochain était « volontariste », une expression qui résonne drôlement alors que la pandémie semble s’emballer à nouveau. « Ce qui compte le plus que tout, c’est le niveau d’activité que la France va retrouver fin 2021 après deux années de crise en cumulé. Sur ce critère, nous sommes dans la fourchette » des prévisionnistes, a répondu Bruno Le Maire à l’Assemblée nationale.

Le ministre de l’Economie a insisté : « Ce n’est pas parce que les difficultés sanitaires ont repris qu’il faut abandonner l’idée de la relance économique. Il va falloir apprendre à vivre avec le virus ». Olivier Dussopt a assuré que le gouvernement restait attaché « à la maîtrise de la dépense publique », mais cette relance va bien passer par des vannes toujours grandes ouvertes : celle-ci devrait encore représenter 58,3 % du PIB l’an prochain, après 62,5 % cette année. Sur le plan de relance de 100 milliards d’euros, 32 milliards de crédits doivent être déboursés en 2020 et 2021 (sans compter les 10 milliards de baisses d’impôts de production).

Pression fiscale en baisse

La baisse de la pression fiscale – une des rares constantes de la stratégie de finances publiques entre les gouvernements d’Edouard Philippe et de Jean Castex – reste également de mise. L’exécutif promet 45 milliards de baisses entre 2018 et 2021, avec un effort accru l’an prochain en faveur des entreprises (impôts de production et impôt sur les sociétés) au moment où le gouvernement reste plus attaché que jamais à sa politique de l’offre.

« Nous ne referons pas les erreurs des plans de relance de 1974 et 1981 axés sur la demande qui ont échoué. Il faut anticiper la transformation de l’outil de production », a vanté Bruno Le Maire. Celui-ci s’est néanmoins défendu d’avoir fait l’impasse sur le soutien à la demande (chômage partiel, primes à la conversion automobile, etc.). « Nous avons également pris des mesures en sa faveur, sinon la diminution du pouvoir d’achat aurait été bien supérieure au -0,5 % prévu cette année, compte tenu de la crise. Et l’an prochain, il doit rebondit de 1,5 % », a-t-il plaidé.

Capacité de rebond en question

Est-ce que cela sera suffisant pour faire sortir la France de son marasme économique ? Le Haut conseil des Finances publiques juge dans son avis que « l’ampleur du choc subi par l’économie française devrait avoir un impact durable sur l’appareil productif », anticipant une « diminution du PIB potentiel par rapport à la tendance d’avant-crise et donc la capacité de rebond de l’économie française ».

Il ne faudrait pourtant pas que la situation s’enlise pour les finances publiques françaises au moment où ses émissions de dettes vont connaître un niveau record (260 milliards en 2021). L’endettement devrait s’établir à 117,5 % de PIB cette année et encore 116,2 % l’an prochain.


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