Une semaine de campagne de vaccination contre la grippe, et déjà la crainte d’une rupture de stocks. En l’absence de nouvelle livraison de vaccins, « 92 % des pharmaciens seront en rupture avant la fin de la semaine », alertait mardi l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) par la voix de son président, Gilles Bonnefond.
Plus de cinq millions de vaccins, soit la moitié de ceux délivrés en 2019, ont déjà été écoulés et 60 % des pharmaciens se trouvent déjà en rupture. Le syndicat demande à l’industrie d’accélérer l’envoi « des 40 % de vaccins qui restent à livrer », alors que la coïncidence des épidémies de grippe saisonnière et de coronavirus fait craindre un engorgement encore plus important des hôpitaux.
La vaccination massive de Français contre la grippe aurait pu constituer une bonne nouvelle si le ministère de la Santé avait pu augmenter ses commandes. Mais il aurait fallu pour cela anticiper dès janvier, alors que le Covid n’a commencé à frapper sérieusement l’Europe qu’à partir de mars.
« Un énorme raté »
Conséquence : malgré la mobilisation des outils de production des industriels, seules 13 millions de doses sont disponibles (11 millions l’an passé). Entre « 1 et 2 millions de doses », commandées par l’Etat sur le marché européen, arriveront, elles, sur le marché « en décembre ».
Les tensions sur l’approvisionnement pourraient dès lors priver de vaccination les personnes fragiles face au virus, soit près de 16 millions de personnes à risque (plus de 65 ans, personnes atteintes de certaines maladies dont l’asthme, le diabète, l’obésité majeure, les femmes enceintes…).
D’autant que la campagne de sensibilisation souffre d’un « énorme raté », selon Gilles Bonnefond. « Je m’étonne aujourd’hui d’entendre que des entreprises comme des assureurs, des collectivités, ont des vaccins et se font vacciner par leur infirmière d’établissement ou par le médecin du travail. Je croyais qu’on avait dit qu’il fallait réserver cette année les vaccins aux personnes prioritaires, ceux qui avaient un bon [de prise en charge de l’Assurance maladie, ndlr] », s’est inquiété le pharmacien lors d’une conférence de presse.