Après l’afflux des plus volontaires, il s’agit désormais de convaincre les récalcitrants ou les hésitants. Et ce n’est pas le facile. L’Assurance-maladie sait à quoi s’en tenir. Elle a commencé depuis le 31 mars une campagne d’appels sortants et de SMS pour convaincre les plus de 75 ans qui ne l’ont pas encore fait de se faire vacciner contre le Covid. « Nous montons encore en capacité. D’ici à vendredi, nous aurons passé 150.000 appels, dont deux tiers d’appels sortants, et un tiers d’appels entrants par les destinataires de nos SMS », assure Thomas Fatôme, le directeur de la Caisse nationale (CNAM).
Ce nouveau mode opératoire avait été annoncé en prévision de l’élargissement de la cible vaccinale à 3,5 millions de 70-74 ans sans comorbidités , qui a eu lieu le 27 mars. A ce jour, 64 % des plus de 75 ans ont été vaccinés, ce qui signifie qu’il reste un peu moins de 2,4 millions de personnes âgées à aller chercher. Certaines ont pu se décourager, parce que les créneaux de rendez-vous en centre de vaccination ont été pris d’assaut après leur ouverture. D’autres ne savent pas comment s’y prendre. Dans ce dernier bastion, présume-t-on, il y a beaucoup de populations précaires, isolées, mal informées, voire désinformées.
2,5 % d’appels à la suite du SMS
Aucun objectif de taux de vaccination à atteindre n’a été fixé officiellement pour cette tranche d’âge qui reste loin derrière les résidents en Ehpad, vaccinés à plus de 90 %. « Nous ne fixons pas de limite, mais nous savons que le dernier mètre sera le plus long à parcourir, c’est aussi ce qui justifie notre mobilisation », reconnaît Thomas Fatôme. De fait, il va falloir déployer beaucoup d’efforts.
Chaque jour, 200.000 SMS sont envoyés à une liste d’assurés sélectionnés via les bases de données de la CNAM, mais seuls 5 % d’entre eux donnent lieu à un appel au numéro vert qui y est mentionné, et qui permet d’obtenir un rendez-vous prioritaire.
L’inertie est un peu moins importante lorsque c’est un agent de l’Assurance-maladie qui appelle en direct. La CNAM a surtout fait appel à un personnel expérimenté, auparavant affecté à l’accès aux soins ou au service social des caisses. « Moins de 10 % des appels sortants aboutissent à une prise de rendez-vous », signale toutefois Thomas Fatôme. Les causes sont multiples : la ligne ne répond pas, les destinataires ont déjà réservé un créneau, ils ne veulent pas de cette aide…
10 % de refus de principe
« Il n’y a que 10 % de vrais refus de principe de la vaccination, souligne Thomas Fatôme, mais certains renoncent au rendez-vous tout simplement parce qu’ils attendent que leur conjoint soit éligible pour se faire vacciner ensemble, ou bien parce qu’ils préfèrent aller chez leur médecin ou leur pharmacien ».
« Plus on va avancer, plus ce sera difficile, avec des personnes qui ne peuvent pas se déplacer facilement », prévoit-il. Les infirmiers libéraux ont commencé à prescrire le vaccin Covid ce jeudi. Avec eux, dès qu’ils seront rodés, l’Assurance-maladie envisage de systématiser les visites vaccinales à domicile. Ils sont déjà des auxiliaires précieux de l’aide à l’isolement.
Par ailleurs, elle travaille en amont avec les Agences régionales de santé et les gestionnaires de centres pour réserver des créneaux dans les 1.500 centres de vaccination existants. Ce n’est pas simple, en l’absence de directive nationale réservant une quote-part des créneaux aux plus de 75 ans.