Des ingénieurs aux pharmaciens, en passant par les professeurs, les artistes ou les journalistes… « En 2019, en France, 5,2 millions de personnes en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) sont, dans leur emploi principal, cadres ou professions intellectuelles supérieures », selon une étude publiée ce vendredi par l’Insee. Leur part dans le total de la population en emploi, salariée ou non, a plus que doublé en quarante ans : elle était de 8 % en 1982, elle est désormais de 19 %.
Vue d’ensemble
Les hommes sont toujours majoritaires au sein de ce groupe social. Mais la parité est en marche. En 1982, les femmes en représentaient seulement 21 %, alors qu’elles occupaient 41 % de l’ensemble des emplois. En 2019, leur nombre a ainsi été multiplié par six, quand celui des hommes cadres a doublé. Les femmes représentaient 42 % des cadres l’an passé. La parité se rapproche donc.
Mais il s’agit d’une vue d’ensemble. Une analyse plus fine montre en effet la subsistance de poches de résistance. Ou plutôt une poche de résistance majeure : le monde des ingénieurs et cadres techniques d’entreprise. Dans toutes les autres professions, la proportion de femmes dépasse les 40 %. Chez les ingénieurs et cadres techniques d’entreprise, elle atteint à peine plus de 20 %. Déficit de candidatures féminines lié à une plus faible appétence des femmes pour les études scientifiques, discrimination à l’embauche… L’étude de l’Insee ne le dit pas. Mais le constat est en tout cas patent que c’est en partie dans l’accès aux filières de formation scientifique que se trouve une bonne part de la marche vers la parité.
Poids majeur de la formation
C’est d’autant plus vrai que l’étude de l’Insee montre que neuf cadres sur dix sont diplômés de l’enseignement supérieur, montrant l’influence majeure de la formation par rapport à la promotion interne. Ceci explique aussi le fait que seuls 3 % ont moins de 25 ans, beaucoup entrant tardivement dans le monde du travail du fait des études. Les cadres ont un emploi plus stable que la moyenne, montre aussi l’enquête, qui évalue à 84 % la part de personnes cadres ou exerçant une profession intellectuelle en CDI, contre 74 % de l’ensemble de la population en emploi. Il y a très peu de temps partiel et la proportion de personnes en contrat de moins de 3 mois est seulement de 1 %.
Peu de travail le week-end
Alors que l’ épidémie de coronavirus a dopé le travail à domicile et qu’une négociation sur le télétravail va s’ouvrir dans quelles semaines, l’Insee confirme que c’était déjà une pratique très répandue chez les cadres. Elle souligne qu’« en 2019, 43 % des cadres ont travaillé au moins une fois à domicile sur les quatre dernières semaines, alors que leur lieu de travail n’est pas le domicile, contre 18 % pour l’ensemble des personnes en emploi ». Cette proportion est bien plus importante chez les enseignants et les chercheurs (67 % à 83 %). Un cadre commercial sur deux a par exemple été dans ce cas.
Battant en brèche certaines idées reçues, en matière de temps de travail, l’enquête montre en revanche qu’une proportion plus faible que la moyenne de la population en emploi travaille le samedi, le dimanche ou la nuit. Elle est tirée vers le haut bien sûr par les professions des arts et spectacles ainsi que par les professeurs et les professions libérales mais aussi vers le bas par les cadres du privé, ingénieurs, cadres techniques ou administratifs et commerciaux.